Comment je consomme la mode
Outfits
04 juin 2017
J’ai toujours eu un faible pour les jolies matières et les belles coupes. Quand j’étais jeune et fauchée, je consommais des marques à petits budgets mais je passais mon temps à admirer les collections de certaines marques inaccessibles. J’étais en admiration devant la beauté des détails.
Je crois qu’à force de porter des choses cheap quand j’étais plus jeune, cela m’avait rendue exigeante. Je fais toujours attention à la composition d’un tissu, à la doublure, aux coutures.
Je me rappelle que quand j’étais une jeune enfant de 8-9 ans, ma mère me confectionnait des shorts en tissu liberty avec une taille à élastique. Je les portais mais ça ne me remplissait pas de joie. Je voulais un short avec une vraie ceinture, des plis et une fermeture à glissière. Je voulais qu’il y ait un ourlet en bas du short. Ma mère préférait la facilité et n’arrivait pas à comprendre pourquoi je n’aimais pas ces shorts à élastiques et sans ourlets. Ils étaient mignons pourtant ces shorts en coton liberty mais quand tu passes ta vie à regarder les magazines avec les looks à tomber de lady Di, le détail compte pour toi.
Je ne supportais pas l’odeur des T-shirt en coton made in china, je crois que c’est le souvenir qui m’a le plus marqué. Quand tu déballes ton vêtement et que tu déchires l’emballage en plastique. Cette odeur puissante qui t’enivre et qui te donne envie d’un bon bol d’air frais.
A côté de ça, j’ai une maman artiste assez coquette qui m’avait sensibilisé malgré elle . Il n’ y avait dans son dressing que des pièces durables qu’elle garde au fil des années. Ses deux manteaux Max mara et Gérard Darel, sa lingerie Simone Pérèle ou Chantelle qu’elle se procurait grâce aux voyages pro de mon père. Sa passion pour les chaussures brodées et pour les bijoux.
Ma mère n’avait pas un budget illimitée mais elle passait sa vie à faire des achats intelligents 1 ou 2 par an.
Pour ceux qui ne connaissent pas mon histoire, j’ai vécu dans une province loin de la capitale tunisienne et on n’avait pas accès aux jolies marques.
Je crois que mon style a été nourri par la frustration et par les rêves jusqu’au jour ou je suis devenue une consommatrice.
Quand tu consommes à outrance tu n’as plus d’imagination. Tu passes ta vie à regarder ton dressing en disant je n’ai rien à me mettre. Tu claques un smic en shopping mais tu n’es jamais satisfait. Tu passes ton temps à faire les magasins. Tu vis un bonheur éphémère jusqu’à la prochaine session de shopping.
Un jour j’ai décidé de ne plus être exclave des nouveautés et des tendances. Quand je vois un must-have sur quelqu’un, je ne fonce plus pour me l’offrir. Je ne suis plus compulsive envers la mode. Je prends ce qui me va et ce qui va rester des années dans mon dressing. Il m’arrive de me planter et heureusement !
Cela demande une certaine maîtrise et un certain contrôle que j’ai enfin réussi à acquérir avec le temps.
Le vêtement est pour moi une façon d’exprimer ma sensibilité avant tout. Je ne m’habille pas pour faire partie d’un groupe ou pour être renvoyée à un milieu social. Je ne m’habille pas de cette façon parce que c’est inné, je m’habille parce que ce vêtement correspond à mes rêves et mon état d’esprit du moment.
Mon dressing évolue avec moi. j’arrive à prendre du recul et à l’imaginer dans dix ans. il sera plus épuré, fou certainement parce que j’ai un côté fou fou ancré en mois qui refuse de subir le temps.
Et vous ? Quel consommateur êtes vous ?
Combinaison Leon and Harper dispo Ici
« Quand tu déballes ton vêtement et que tu déchires l’emballage en plastique. Cette odeur puissante qui t’enivre et qui te donne envie d’un bon bol d’air frais. » : c’est surtout que c’est hyper dangereux !! Une vendeuse H&M chargée du déballage a eu un cancer des reins ! Parce que les fringues cheaps neuves d’Asie sont gorgées de substances nocives (colorants, anti-moisissure…) qui occasionnellement sentent mauvais mais qui à long terme peuvent faire du mal, à tel point qu’on recommande parfois de laver les vêtements avant de les mettre pour la 1ère fois… Fais attention à ça surtout pour tes enfants.
Oh rassures-toi, c’est un souvenir qui date des années 90. Je ne vivais pas en France et à l’époque la plupart des vêtements sur le marché étaient made in china. Je sui devenue assez sensible. Je ne supporte pas cette odeur du synthétique et heureusement ma mère me confectionnait une grande partie de mes vêtements.
Bonjour Ithaa,
Je pense que peu de personnes de ton âge « consomment la mode » avec cette intelligence et ce plaisir non pollué par une consommation surfaite et une course à la pièce tendance. Il me semble que l’on entre dans la mode comme l’on entre dans un musée ou une salle de spectacle, avec sa sensibilité, en esthète. Les créateurs nous donnent à voir et c’est magnifique, mais une silhouette dans la rue peut être tout aussi belle et c’est un plaisir de regarder (en respectant l’autre bien sûr). Les yeux grands ouverts, sans appétence, en tenant compte de l’évolution de son corps, de son image. En ce qui me concerne, le 501 des années 68 a été remplacé 49 ans plus tard par le 501 CT et plus récemment le Current Elliott (malgré son prix) mais le jean reste l’incontournable de mon dressing. La ligne du 501 ne me convient plus du tout, bien que je sois restée mince. Je pense comme toi que le » je n’ai plus rien à le mettre » témoigne d’un dressing mal construit, mal pensé.
La pièce que l’on vient ajouter et qui s’intègre voire sublime une tenue… un vrai plaisir.
Pour mes 70 ans, mes enfants et mes amis m’ont offert un moment-surprise d’une émotion qui me donne un super élan pour la suite. Un magnifique moment auquel on peut se raccrocher… Ils m’ont offert la cap code de chez Hermès, le grand modèle avec double bracelet noir, une montre que j’ai toujours trouvée très belle avec son dessin si pur. Je pense, et ceci sans orgueil, qu’elle va bien avec mes jeans, mes chemises blanches ou en soie, mes cashemeres, mes vestes overside I.Marant ou mes robes, je trouve qu’elle me va tout simplement parce qu’elle ajoute vraiment à mes tenues.
Pardon, je parle trop de moi, mais dans ce que tu écris je retrouve ma démarche, cette sensibilité aux matières, aux lignes et à la finition d’un vêtement que j’ai transmise à ma fille et qu’une si jeune femme puisse ainsi « consommer la mode » provoque mon admiration.
Je déroge à mon habitude de ne rien publier sur IG en t’envoyant une photo(si j’y arrive) en mp
Belle journée belle Ithaa